JeanFrançois Savornin, père inspiré de l’Héliquadrisme – Par LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ

À 72 ans, JeanFrançois Savornin frétille comme un perdreau de l’année. Son cerveau pétri de formes et de couleurs paraît être l’incarnation du mouvement perpétuel. L’énergie de cet artiste peintre inspiré est en effet inépuisable. Quelques exemples : à l’âge de 13 ans, il était groom au Ritz ; dans les années 60, il préparait des pièces en céramique pour le maître Pablo Picasso ; à la fin des années 70, il a cuisiné les truites que Georges Brassens venait de pêcher sous les fenêtres de son restaurant à Uzès ; en 1989, il a relié Marseille à Paris à cheval, la déclaration des Droits de l’homme et des citoyens sous le bras ; en 2006, il a créé l’affiche de l’exposition Cézanne à Aix en Provence… Un parcours ponctué de milliers d’oeuvres en tous genres plus éclairées les unes que les autres (tableaux, plaques de lave, poteries…). Avec un faible pour la peinture de style “naïf surréaliste”, à condition qu’il ait un sens profond. De la spiritualité même. Le voilà le chemin. Pas étonnant que celui qui est installé à Lourmarin, dans une sorte de palais des mille et une vies qui témoigne de tout ça, passe plusieurs mois par an en Inde. Mais pas pour n’y rien faire. Avec sa muse et compagne Virginie Zurfluh, ils créent de soyeux vêtements sur lesquels sont imprimés ses tableaux. Et puis, ils se nourrissent aussi de l’âme de ce pays et de ceux qui le peuplent. « La tolérance par rapport à l’art » Mais si cet amoureux de Picasso, Cézanne, et Turner devait passer un contrat avec la postérité, ce serait pour assurer l’immortalité de l’héliquadrisme. C’est un mouvement qu’il a inventé en 2008. Une quête même. Et aujourd’hui, il enseigne l’héliquadrisme dans des écoles du département. À ses yeux « transmettre est important ». C’est le message qu’il délivre également aux enseignants qu’il forme pour l’académie d’AixMarseille. « Le partage aussi compte beaucoup », complète Virginie Zurfluh. L’héliquadrisme, c’est la manière savante de rapprocher par chacun de leurs quatre côtés deux tableaux pour en faire un troisième à chaque fois différent (voir définition cidessous). Et c’est aussi un bon moyen de “recentrer les énergies”, l’art de la combinaison et, au fond, la grande oeuvre de sa vie. JeanFrançois Savornin offre à chacun de tourner dans tous les sens les toiles, présentées aimantées bord à bord sur une plaque d’acier. Il offre en réalité sa conception de la liberté : « Je ne suis pas dans la sélection des peintres. Chacun a le droit de s’exprimer et de faire ce qu’il aime, même si ce n’est pas la mode. C’est pourquoi je n’ai jamais travaillé en galerie mais toujours avec des collectionneurs ». Pour lui, l’héliquadrisme, né « par un beau hasard à partir d’une réflexion », permet de mesurer « qu’il y a d’autres possibilités de voir les choses ». C’est ce qu’il appelle « la tolérance par rapport à l’art ». On l’aura compris, c’est toute une vie de passions, comme celles aussi des chevaux et de la musique, qui n’en finit pas de nourrir ses créations.

    Un équilibre précaire, instable, que seul le talent de l’artiste permet de figer dans l’instant

    JeanFrançois Savornin explique que l’héliquadrisme fait des émules. Selon lui, « des écoles d’art et des peintres de toutes nationalités s’intéressent à ce nouveau mouvement ». Signe que l’héliquadrisme lui survivra et qu’il en restera le père. Mais de quoi s’agit il précisément ? Voici la définition qu’il donne de ce mouvement, et qui figure sur un certain nombre de documents et de plaquettes promotionnelles qu’il a édités : “Héliquadrisme : géométrie du mouvement. Art de rapprochement des différents côtés de deux tableaux (ou autres supports), qui donnent à voir différentes conceptions de l’auteur”. “Des énergies de natures différentes” Tout l’art et la difficulté de l’héliquadrisme sont de faire revenir vers le centre des énergies, qui sont de natures divergentes. Cette façon de recentrer les énergies permet à chaque position de tableaux d’avoir un nouveau sens et une énergie nouvelle issue de ce conflit permanent. C’est donc un équilibre précaire, instable, que seul le talent de l’artiste permet de figer dans l’instant. Cette vision de l’art est à la fois très moderne et complètement innovante. “